La Fondation Abraham Hermanjat

En dépit de la notoriété qui avait été la sienne de son vivant, le peintre Abraham Hermanjat (1862-1932) avait connu après sa mort un oubli bien immérité. En jetant les bases d’une fondation destinée à perpétuer le souvenir de son père, Germaine Hermanjat décidait, dès 1977, de réparer cette injustice en protégeant son œuvre et en permettant de le rendre public. La fille adoptive de l’artiste choisit de doter la structure en devenir d’un patrimoine et de moyens financiers lui permettant d’exister et d’entreprendre des démarches concrètes. La Fondation Abraham Hermanjat naît officiellement à Nyon en mai 2003, peu après le décès de son initiatrice qui lui a légué son héritage paternel.

Nommé conservateur de ses collections, l’historien de l’art Laurent Langer a commencé par inventorier scientifiquement les œuvres, objets et documents qu’elle détient. Après quoi, l’organisation d’une rétrospective a représenté la deuxième réalisation d’importance de la Fondation. Bien que présent dans une série de collections muséales, celui dont Paul Budry affirmait pourtant qu’il était le « père de la peinture vaudoise » n’avait plus guère les honneurs des cimaises. C’est pour lutter contre cette situation d’oubli que, du 11 mai au 9 septembre 2012, à l’occasion des 150 ans de la naissance du peintre, la Fondation qui porte son nom lui a dédié une exposition d’envergure: « Abraham Hermanjat, de l’Orient au Léman », présentée en deux volets au Musée historique et des porcelaines et au Musée du Léman à Nyon.

Le dernier livre consacré à Hermanjat remontant à 1982, l’année du cinquantième anniversaire de sa mort, il était grand temps aussi de réactualiser le regard sur son œuvre. La publication d’un nouvel ouvrage de référence a donc représenté la troisième démarche que la Fondation a eu à cœur de mener en parallèle à la mise en œuvre de l’exposition. Karoline Beltinger, Carinne Bertola, Rosemonde Bron-Pache, Françoise Jaunin, Maurice Jean-Petit-Matile, Laurent Langer, Vincent Lieber, Christine Peltre et Hans-Peter Wittwer ont signé les textes inédits de cette relecture.

Après s’être consacrée à la remise en lumière de son peintre, la Fondation Abraham Hermanjat s’est tournée vers la seconde mission que lui avait confiée Germaine Hermanjat, soit l’encouragement aux jeunes artistes romands. C’est ainsi qu’elle a créé la Bourse Abraham Hermanjat qui, tous les deux ans, attribue un montant de vingt mille francs à un artiste romand âgé de 40 ans au plus.

Ainsi celui qui fut « l’incorruptible promoteur et l’infatigable artisan d’une nouvelle et véritable peinture vaudoise », comme aimait le qualifier Paul Budry, devrait retrouver la place qui lui revient dans le cœur et l’esprit d’un public élargi. Mais là ne s’arrête pas la mission de la Fondation qui espère bien que ces aboutissements représenteront le point de départ d’autres recherches et démarches nouvelles, à partir desquelles des approches complémentaires et inédites de l’artiste et de son travail pourront être initiées.